la star du piano fête ses 30 ans à Berlin, en donnant un concert, retransmis en direct, devant plus de dix mille personnes. Lang Lang donna son premier concert au Carnegie Hall à l’âge de 18 ans. Douze ans plus tard, le pianiste sino-américain s’offre le luxe de fêter son anniversaire au mythique stade O2 World, à Berlin ! Et il n’en est pas à son premier fait d’armes en la matière. En 2006, il jouait pour l’ouverture de la Coupe du monde de foot. Deux ans plus tard, son pays natal lui offrit une tribune exceptionnelle en lui confiant la cérémonie des JO de Pékin. Et en 2010, pour l’Exposition universelle de Shanghaï, son piano fut encore de la partie. Aujourd’hui, Lang Lang est donc l’un des très rares artistes classiques capables de remplir des stades. Le Time Magazine l’a classé, en 2009, parmi les cent personnalités les plus influentes au monde. Il faut dire que le jeune homme ne fait jamais rien comme ses confrères. Sa vocation ? Ce n’est pas par la radio ni par les enregistrements des grands maîtres du passé qu’il l’a découverte. C’est « en voyant, à l’âge de 2 ans, un épisode de Tom et Jerry à la télévision », se plaît-il à raconter.
Les concours internationaux ? Il en a gagné bon nombre dans sa prime jeunesse. Sauf qu’à la différence de la plupart des virtuoses chinois, « il n’a pas construit sa carrière là-dessus mais bien sûr son image, son talent et sa personnalité », concède le compositeur Bruno Mantovani, en rappelant que ses excentricités ne sont pas sa tasse de thé pour autant. L’actuel directeur du Conservatoire national de Paris est bien placé pour savoir ce que les concours pèsent dans la mentalité des professionnels. Reste que l’ovni classique Lang Lang clive toujours dans le camp des mélomanes. La faute à sa personnalité exubérante, qui tranche avec l’image traditionnelle du pianiste classique. Ses sponsors, des baskets Adidas aux stylos Montblanc qu’il laissait bien en évidence à l’adresse des journalistes, lui ont longtemps valu d’être la risée de ces derniers. Tout comme ses comparaisons hasardeuses entre le cinéma de Tarantino et la musique classique contemporaine.
Mais c’est surtout son jeu démonstratif qui a pu, parfois, prendre le pas sur la musicalité, qui reste un éternel sujet de dispute. Certains y voient l’unique expression d’un fort en gueule qui s’assume plus que de raison. D’autres un deus ex machina sorti des « usines » chinoises qui formeraient des pianistes à la chaîne, en misant tout sur la performance. D’autres, enfin, une « virtuosité signifiante », capable de réconcilier le grand public avec le classique.
C’est le cas de la star Herbie Hancock. Le démiurge du piano jazz se produira ce vendredi soir aux côtés de Lang Lang, dans la Rhapsody in Blue de Gershwin. Pour lui, Lang Lang n’est rien moins que « le Luke Skywalker du classique : un noble chevalier s’évertuant à libérer la musique de ses oppresseurs qui veulent la mettre en cage ». Pour preuve de cette noblesse d’âme, les deux vedettes ont invité cinquante pianistes du monde entier, âgés de 7 à 14 ans et recrutés sur audition, à se produire en seconde partie de concert. Ils devront affronter un auditoire de dix mille spectateurs ! Puisse la force être avec eux…